oct
25
2011

PLEIN SUD

(Desole certaines photos ne passent pas, mise a jour des que possible)

Après une nuit de traversée, l’ancien ferry de la SNCM racheté par le Mexique me dépose à Maztlan, une ville portuaire située sur la côte Pacifique. A bord, parmi les chauffeurs de camions et familles Mexicaines, je fais la connaissance d’un Français, bourguignon et tailleur de pierre, Jean Pierre,en route pour San Cristobal de las Casas, au Chiapas. Il est lui aussi en vélo, et doit rejoindre un ami dans la grande ville de Guadalajara plus au sud. Nous roulons ensemble quelques jours et nous nous séparons avec la promesse de se revoir à San Cristobal.

le Maztlan star débarque son lot de passagers

le Maztlan star débarque son lot de passagers

Une rencontre de taille... Jean Pierre, bourguignon, sculpteur

Une rencontre de taille... Jean Pierre, bourguignon, sculpteur

 

 

 

 

 

 

Un peu plus de 2400km de route me sépare encore de la forêt Lacandones, il me tarde d’y être, et de m’y imprégner. Mais la route est longue pour accéder à ces mondes, toujours de plus en plus reculés et inaccessibles. Elle suit une fois de plus l’océan , me permettant d’apprécier de temps en temps un camping « de luxe » lorsqu’une plage du littorale m’accueille. Tout est différent dans cette partie du Mexique, en dessous des tropiques du cancer , où tout n’est que verdure luxuriante. Un choc et à la fois un bonheur, après 18 jours de traversée de désert.

un peu de "luxe" sur la route

un peu de "luxe" sur la route

Du vert ! Mais aussi de l’eau ! Outre les nombreux ruisseaux et rivières qui descendent des montagnes, c’est aussi la saison des pluies. On devrait dire des orages. Certains peuvent être destructeurs, les fortes pluies entrainent des coulées de boues, détruisant des villages. La végétation change encore, me présentant la diversité climatique du Mexique. J’ai l’impression de me retrouver quelques part en Europe. Grandes pâtures et bovins, routes bordées de talus de feuillus, cultures. Mais la chaleur humide est bien présente et me rappelle où je suis. Comme les moustiques d’ailleurs qui deviennent plus nombreux chaque jours.

Les camions quand à eux ne dérogent pas à la règle et sont eux, les maîtres incontestés de la route. Bien qu’ils se font de moins en moins nombreux, ils vous remettent à chaque fois à votre place : En vélo, on est vulnérable et fragile, leur souffle peut vous déséquilibrer et vous envoyer dans le décor en moins de deux, ceux qui viennent de face, sont autant de mur de vent à franchir. Et lorsque la route se fait sinueuse et grimpante, il vous inonde de colère, lorsqu’il vous double, par des jets de fumées noires sortant des pots d’échappement sur-dimensionnés. Je peste alors contre les constructeurs qui n’ont pas pensés à les installer à gauche.Oui, je suis bien au Mexique, par le trafic tout du moins. Il y a bien entendu la musique, présente partout. Des quartiers des petites villes aux maisons isolées, il y a toujours de la musique dans l’air. Pas de la bouillie Anglophones, mais plutôt musique du pays.

Les contrôles militaires ponctuent eux aussi de temps en temps les journées. Cela me fait toujours un peu bizarre de voir des hommes en armes, avoir le pouvoir et l’autorité. A l’image des différentes police circulant dans le pays, vêtue « à la GIGN », fusils d’assault à la main , traquant le crime ! Les cartels font la loi et s’entredéchirent le pays, et tout ce déploiement de force militaires ne changera rien au problème.

L’odeur des charognes sur le bas coté de la voie ne change quand à elle pas non plus. Là ce sont des tatous, serpents, chiens, et toutes sortes d’animaux, écrasés lors de leur tentative de franchir le cordon maudit ! Certains font le régal des vautours qui prolifères aisément. Plus tard, les carcasses restent à pourrir pour des mois. Les détritus, malgré une campagne de sensibilisation naissante, font parties irrémédiablement du paysage, à mon grand regret.

Je rentre à présent dans l’un des nombreux « états unis du Mexique, le Michoacan. Le vélo fatigue et moi aussi. Les montagnes de la « Sierra madré del sur » nous est fatale. Takayan casse la chaîne, après le porte bagage, et je me fais un tour de reins ! Stop, il faut marquer une pause…img_1437

Avec une réparation de fortune, j’atteins la ville de Lazaro Cardena. Une journée au calme dans un motel, et un passage à une boutique pour la réparation du vélo, nous met tous les deux d’aplomb pour continuer le voyage.

Une fois les montagnes passées, de grandes plaines cultivées les remplacent. Cocotiers, bananiers, papayers, citronniers et manguiers prédominent. Tout le monde travaillent au champs. Par pick-up bondés de monde. Les enfants profitent de ce moyen de locomotion pour rejoindre leurs écoles.

culture de bananiers et cocotiers en mélange

culture de bananiers et cocotiers en mélange

Sur le parcoure, un obstacle, un gros : Acapulco. Ce nom pourtant raisonne comme luxe et belles plages ; En partie surement, mais incroyablement dangereuse ces temps ci. Je reçois un mail de Jean Pierre, il vient de se faire racketter avec son pote par la police. Une amende de 500$, pour soit disant une route interdite aux vélos ! Et cela aurait put être pire apparemment, il valait mieux payer !

Je franchis quelques jours plus tard avec un peu de stress cette ville maudite. Se frayer un chemin à travers la ville, le trafic, les coups d’œil aux flics qui patrouillent parmi les coccinelles Volkswagen recyclées en taxi, grimper une colline qui n’en finit pas, et puis j’en sort enfin….

Acapulco, verrue sur le parcour

Acapulco, verrue sur le parcour

Heureusement dans toute cette polluante noirceur, il y a les rencontres. Brèves et furtives comme la rencontre un jour d’un python, tentant de traverser la route. Un bonjour, un regard, une conversation qui commence, et on m’offre des galettes de maïs, un café ou on me roule à la main des feuilles de tabac, le « Pourou », petit cigare local. Il y a la beauté des lieux aussi.

lesbébés tortues à peine sortis iront rejoindre l'océan

lesbébés tortues à peine sortis iront rejoindre l'océan

Plages de sable fin, parfois désertes où les dernières espèces de tortues marines viennent pondre leurs précieuses progéniture sous l’oeil expert des scientifiques.

protégé et répertorié, les oeufs de tortues recoivent tous les soins

protégé et répertorié, les oeufs de tortues recoivent tous les soins

Montagnes et forêts verdoyantes et fleuries où les colibri et perruches virevoltent dans tous les sens , laissant la place, la nuit venue au lucioles qui m’offrent une chorégraphie connue d’elles seules. Je sais pourtant que tout est déjà transformé à l’image de l’homme. Les anciennes forêts ont été rasées pour laisser la place au bétail et à la culture du maïs et autres cultures.

culture de Papayes

culture de Papayes

 Il y a 60 ou 80 ans, il y avait encore, dit-on, des jaguars dans les parages et les arbres étaient bien plus imposants.img_1347

Les journées s’enchainent, les unes après les autres et seul mon agenda me permet de me rappeler la date du jour. L’avantage du voyage à vélo, je vis au rythme de la terre, avec la course du soleil. . Une sensation d’immense liberté m’envahit, contrastant avec la fatigue des journées de pédalage accumulées.

San Cristobal et l’état du Chiapas ne sont plus très loin, il faut tenir. Là bas, les choses se mettent petit à petit en place. Jean-Pierre et Olivier décide de rester dans la ville pour un moment et loue une maison, il y a des chambres de libres, je suis le bienvenue. Une première porte vient de s’ouvrir, celle d’un endroit fixe où je vais pouvoir m’organiser pour travailler sur le film de la « rainforest » et visiter la jungle Lacandones. Je prends contact avec un ami Français, Karl, qui vit au Mexique et travail comme guide touristique. Il est de passage à San Cristobal avec un groupe, la date de son passage est précise, je ne veux pas le manquer, motivation de plus pour avancer. Il peut m’aider dans la découverte de cette région et me donner des contacts pour mon prochain reportage.

Je quitte à présent l’état de l’Oaxaca et rentre enfin dans le Chiapas. Les nuits sont toujours aussi chaudes et humides, et les orages éclatent maintenant régulièrement dès la tente posée. Fini les bonne poêlée de légumes, tortillas et crudités sont au menu du soir.

Un jour, enfin se dresse devant moi la dernière barrière avant l’arrivée. Une chaine de moyennes montagnes me sépare de mon but. Je veux impérativement arriver le jour même. Mais la route est longue, grimpante et sinueuse, ponctuée par de faibles descentes. Comme une dernière épreuve, j’avance trop doucement, roulant au pas d’un homme. J’abandonne très vite l’idée d’arriver en milieu d’après midi et espère pouvoir atteindre la ville avant la nuit. Il me faut encore trouver internet et noter l’adresse de Jean Pierre et bien sure, trouver la maison dans une ville de 200 000 habitants.

Les heures défilent, mais pas les kilomètres; Sur les routes sinueuses les paysans vendent des épis de maïs cuit au feu qui font mon régal. Et puis, enfin, un dernier panneau routier m’indique les vingt derniers kilomètres restant à faire. Pour mon grand bonheur, San Cristobal de las Casas est dans une cuvette. Le dernier tronçon se fera en partit en descente. Tout s’enchaine alors très vite, et trouve sans trop de problèmes, la nuit venue et sous un crachin soutenu, je frappe au N°3b de la rue Isabel la Catolica. Je suis arrivé, Jean Pierre et Olivier m’accueillent chaleureusement. Le voyage marque une pause, j’en suis content, les 54 jours de traversée du Mexique s’achèvent. La découverte des montagnes du Chiapas et de la réserve de monté Azules dans la selva Lacandones commence!

 

Ecrit par Asso Kernunos in: Mexique | Mots-clefs :,

Un commentaire »

  • alice

    Salut Christophe !
    Contente de te savoir à l’abri des orages et dans un refuge sympathique. Quelle équipée, une fois de plus, que cette traversée du Mexique ! J’espère que tu vas bien, après tous ces pots d’échappement et autres murs de vents à affronter; c’est cool aussi que tu n’aies pas eu d’ennuis avec la police… ça a l’air chaud là-bas ! D’un autre côté, les arbres luxuriants, les colibris et les perruches (versus les moustiques), ce doit être un vrai bonheur. Je ne sais plus où j’ai lu ça, mais pour se protéger des moustiques, il paraît qu’on peut s’enduire le visage de pâte de tabac mâché… Et enduire ses sourcils de cire fondue pour conserver une vision correcte sous la pluie. Ce n’est pas une blague ! Mais tu n’es pas forcé d’essayer…
    Nous on est rentrés du Québec, après presque deux mois de voyage; on doit maintenant réapprivoiser notre nouvelle maison, dans laquelle, au fond, nous n’avions passé que deux mois aussi, avant de s’envoler… On a eu de belles aventures aussi, plein de belles rencontres et découvertes. Si un jour tu as le temps, il faudra que tu ailles faire un tour aux Îles-de-la-Madeleine. Presque aucun arbre là-bas, par contre. Mais quelle splendeur et quels beaux humains ! Comme dirait un de nos amis Madelinots, “ici, on est chaleureux, et juste après, baveux…” (baveux = taquin + cynique, gentiment emmerdeur, quoi.. mais jamais méchant). On a adoré !
    Bisous, prends soin de toi et gaffe aux bestioles genre serpents et autres mygales.
    Alice

    Comment | 27 octobre 2011

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